Date : 2022
Format et technique : Impressions sur tissu et structure carbone
Collaboration : Thomas Daveluy
La Terre-Mère des anciens est presque toujours désignée sous les noms de Gaïa chez les Grecs anciens. Ils l’ont quelquefois représentée sous les deux aspects de la nature : capable de créer la beauté harmonieuse mais également de faire resurgir le chaos originel.
C’est cette ambivalence que l’on retrouve dans Reliquat : une structure de tissu suspendue qui offre un point de vue en contre-plongée. En examinant la pièce, le spectateur peut discerner un feu de camp autour duquel se trouvent trois protagonistes. Le public se tient donc en dessous de la scène, comme s’il la contemplait du point de vue de l’intérieur de la Terre, du point de vue de Gaïa.
Cette installation révèle ainsi un monde impossible à appréhender sans l’outil numérique : l’idée de passer à travers le sol. Reliquat intervertit le réel et retourne les volumes comme si le monde qui nous entourait n’était composé que d’une fine couche de tissu réversible. Chacun peut ainsi faire l’expérience d’une plongée sous la surface
Le choix du sujet (le feu de camp) permet d’ancrer la scène dans un moment suspendu et intemporel. Celui du bivouac, du refuge, du repos et de la rêverie.
Les formes polygonales permettent de souligner l’origine numérique de cette installation. Issue d’un scan 3D, sa fabrication et sa mise en œuvre offrent un glissement vers le concret : le tissu ainsi tendu rappelle autant la toile de tente que celle du tableau. Le support ainsi que les textures volontairement baveuses, sont autant de clins d’œil à la peinture impressionniste qui cherchait à saisir l’instant ainsi qu’à reproduire le réel sans une volonté d’exactitude.
Reliquat protège et menace. Sa conception, qui reprend les structures des tentes, crée un dôme sous lequel le spectateur peut s’abriter, mais sa grande taille et ses formes parfois saillantes et rigides sonnent comme un rappel du poids du monde.
Dans cette pièce, les artistes renouvellent leur volonté d’utiliser les outils numériques pour métamorphoser le réel. Issu d’un vrai campement, celui-ci se retrouve numérisé, puis réinséré dans le monde concret. La succession de manipulations transforme lentement la scène originale, étape après étape jusqu’à donner un hybride qui devient le reliquat des altérations techniques subies.
Prises de vues de la scène ayant servi de base à la photogrammétrie originelle du projet et processus de création :
Création de la structure de tissu :
Prises de vues de l’installation au sein du Musée des Beaux Arts de la Cohue à Vannes en 2022 :