Ma récente expérience au sein de la résidence d’artiste de la caravane culturelle et scientifique Kafila a été une immersion exceptionnelle dans les routes nomades du sud du Maroc, du 10 mars au 10 avril. Accompagné de onze autres artistes aux horizons divers, de la photographie à la performance, j’ai eu l’occasion d’explorer la richesse archéologique et la diversité naturelle de cette région à travers une caravane chamelière.
Cette aventure, organisée par l’Institut français du Maroc et ses partenaires, a relevé plusieurs enjeux culturels, environnementaux et sociaux. Inspirée par les caravanes d’autrefois, Kafila a réactivé les chemins de migrations ancestrales, d’échanges commerciaux et de parcours historiques des savoirs et des cultures, contribuant ainsi à la valorisation d’un territoire unique. La région de Drâa, riche en patrimoine matériel et immatériel, a été le théâtre de notre exploration, de la vallée du Draâ aux sommets de l’Anti-Atlas.
La caravane, composée de dromadaires et de douze artistes français et marocains, s’est déplacée de « porte en porte » à travers six grandes étapes, de M’Hamid El Ghizlane à Ouarzazate. En résidence de création et de recherche, nous avons été immergés dans un lieu de vie itinérant, capturant à travers nos œuvres les paysages, les rencontres, les discussions et les émotions de ce voyage unique.
La démarche de Kafila s’est démarquée par son engagement écologique et son souci du développement durable. Sensibilisés aux enjeux environnementaux, nous avons parcouru la région à pied, passant nos nuits en tente et cuisinant sur place. Des événements scientifiques, des performances et des conférences ont ponctué notre parcours, en lien avec les acteurs locaux, favorisant les échanges culturels et animant le territoire.
En tant que résidents, nous avons contribué à la création d’un carnet de voyage contemporain, témoin de cette expérience unique. La diversité des disciplines artistiques présentes dans la caravane, des arts visuels à l’écriture fiction, en passant par le cinéma audiovisuel et les arts vivants, a enrichi cette aventure.
Au fil des jours, Kafila a offert une pause culturelle avec le BiblioTobiss, caravane 3.0, partageant des haltes à M’Hamid, Zagora et Agdz. Cette initiative a permis de partager nos échanges culturels avec un public plus large, notamment les plus jeunes, à travers une bibliothèque itinérante, un musée numérique et des ateliers.
En conclusion, Kafila a été bien plus qu’une simple résidence d’artiste. C’était une expérience humaine profonde au cœur du patrimoine et des écosystèmes du Maroc, façonnée par la marche, la rencontre et le partage de savoirs. Une aventure qui restera gravée dans ma mémoire, nourrissant mon regard instruit sur les territoires et les cultures.