Le Banquet Parterre

Date : 2021
Format et technique :  performance filmée – vidéo HD – 7min55
Collaboration : Richard Pereira de Moura

 

Résumé du projet :
D’abord, une envie ; celle de clôturer une résidence artistique de quelques mois par une fête entre amis. Ensuite, une vision, dont nous ne sommes pas parvenus à retracer l’origine ; celle d’assises creusées dans la terre. Enfin, une référence ; la performance du Déjeuner sous l’herbe à l’occasion de l’enterrement du tableau-piège réalisée en 1983 par Daniel Spoerri. Parsemons cela d’un goût commun pour le détournement et d’une dose de détermination, et voilà réunis les principaux ingrédients nécessaires à la réalisation de l’action culinaire et artistique intitulée  » Le banquet parterre « .

 

 

Le 29 mai 2021, nous organisons, dans les jardins de l’association À travers champs, au hameau de Saint-Jean, à Clarques, dans les Hauts-de-France, un banquet pour le moins étonnant. Durant toute la matinée, une douzaine de convives se rassemblent autour d’une serre opaque pour y creuser à la bêche le cadre de leur siège. La serre en question épouse la forme d’une tablée de six mètres de long, mais nul ne sait encore ce qui s’y trouve. Par contre, il a été convenu d’entrée avec chacun, que la table ne pourra être dressée que par le truchement des assises creusées dans le sol.

Après plusieurs heures de travail à la bêche, et des dizaines de mètres cubes de terre excavés, les mangeurs sont invités à libérer la table de la serre, et découvrent avidement le menu proposé avec la complicité d’une botaniste : une floraison de plantes sauvages comestibles. La suite du repas se déroule sous les auspices de la botaniste qui délivre ses conseils en termes de bienfaits et de manières de cuisiner les plantes proposées. À quoi bon se donner tant de mal ? À rien, sinon peut-être celui du plaisir d’être ensemble et de considérer qu’un repas est bien plus qu’une ingestion.

 

Dès l’amorce de ce travail, il avait été considéré les idées suivantes :

1. le jardin étant une œuvre vivante, son évolution ne saurait en aucun cas se réduire à un plan préétabli.

2. tout jardin est contre-nature par principe, vu qu’il est la traduction d’une volonté de mise en ordre de la nature,

3. le jardin suppose une délimitation, une distribution et un entretien des espèces vivantes qui le compose.

À vrai dire, il nous plaisait de tester et de se jouer de ces idées, et de la potentialité d’une « œuvre vivante », tandis que nous traversions une énième période de confinement des démarches artistiques.

C’est sur la base de ces considérations qu’a été organisé le travail de plantation dès le début du printemps. Les actions se sont succédées de la manière suivante : une tablée de 6 mètres de long pouvant accueillir une douzaine de convives a été localisée et délimitée. Tandis que nous construisions la serre, un ami a évalué la nature du sol à la pelleteuse. Ensuite, il a été très vite retenu l’idée d’investir la tablée avec des plantes sauvages comestibles. Pour cela, nous avons sollicité une botaniste de la Maison de la nature à Ardres, qui nous a remis la quasi totalité des plantes proposées lors du banquet.
Toutes les plantes (grande berce, bourrache, moutarde, alliaire, ail des ours, ortie blanche, etc.) ont été distribuées de manière quasi-aléatoire autour d’un bouquet de guimauve officinale.

Régulièrement arrosées, les plantes ont atteint la taille escomptée et évoluent désormais au-delà de ce que nous avions imaginé. C’est sans doute là toute la singularité et la force de l’œuvre-vivante. Reste que, à l’issue du repas, nous nous sommes tout de même fendus de cette auto-satisfaction : « Eh bien, tu vois, c’est exactement ce que j’avais imaginé. » À croire que la nature fait bien les choses.

 


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