Dans cette optique, un atelier a été organisé pour un petit groupe de peintres amateurs locaux, notamment Karine, Nathalie, Kim, Nicole, Bernadette et Claude. L’objectif était de les encourager à peindre en plein air, en dehors du confort de l’atelier. Le lieu choisi pour cette expérience était « Le chant des cailloux », un endroit offrant une grande variété de paysages, incluant une rivière agitée, des rochers émergeant de la terre et des collines parsemées d’arbres. Cette diversité a également servi de catalyseur pour se lancer dans la peinture, comme on se lancerait dans une marche. En plus de faire face aux caprices de la météo printanière, les peintres ont dû s’adapter aux paysages qui les entouraient, ainsi qu’aux changements de perspective aléatoirement proposés par l’artiste Guillaume Lepoix. L’idée était de maintenir une peinture dynamique, tant dans sa conception que dans son sujet.
Pendant la création de leurs toiles, les peintres ont involontairement fait partie du motif d’une autre composition graphique : une prise de vue vidéo de leurs silhouettes en train de peindre dans le décor. Ainsi, Guillaume a pu collecter la matière première de son propre travail : des rendus picturaux d’un paysage qu’il avait filmé, avec la présence des personnes qui en sont à l’origine.
Par la suite, Guillaume a mélangé leurs peintures à l’aide d’outils numériques pour créer une nouvelle composition hybride, une sorte de « moyenne » de leurs toiles. Dans un second temps, il a cherché à appliquer la nature dynamique de la vidéo sur le rendu pictural et la fixité de la peinture. Cela a donné naissance à une vidéo où les corps des artistes amateurs se confondent avec les paysages qu’ils dessinent, suggérant une forme de fusion entre le peintre et son motif. Cela a donné le jour au projet « Emmi ( le champ des cailloux ) » .
La dernière étape de ce travail consistait à re-matérialiser l’une des images de la vidéo sous la forme d’une nouvelle toile. Cette toile grand format révèle son origine numérique par le ratio 16/9 de son cadre et la représentation des formes erratiques issues des artefacts visuels générés par le mouvement de la vidéo dont elle est issue.
Cette réalisation est apparue sous la forme d’une toile peinte en grand format nommée « De la peinture ».